• Attributions

    Les dragons orientaux sont intimement liés au climat et à l'eau. Ils ont d'ailleurs tendance à vivre dans ou à proximité de grandes étendues d’eau : fleuves tumultueux, au fond des océans ou au cœur des gros nuages. Comme ces attributs, il était à la fois bénéfique et dangereux. La croyance dans les dragons est plus forte que celle dans les autres dieux, car le peuple les voit avec fréquence dans les nuages changeants. On dit en Chine que « quand les dragons entendent le tonnerre,ils se lèvent ; les nuages arrivent et, s’étant tous formés, les dragons montent et circulent ainsi dans le ciel ».

    Mythes

    Le déluge

    Dans la mythologie chinoise, comme dans d'autres, existe un mythe du déluge. Celui-ci est provoqué par Gonggong (ou Kong-kong), un monstre décrit comme un dragon noir[7] ou parfois comme un serpent à tête humaine et aux cheveux rouges[8].

    Cette créature aurait renversé l'un des piliers du monde, d'un coup de corne, le mont Buzhou. Ceci aurait eu pour effet de faire basculer le ciel et la Terre et de provoquer le déluge. On retrouve dans le Huainan Zi l'histoire suivant :

    «  Jadis, Gong-Gong et Chuanxi se disputaient le trône ; dans sa fureur, Gong-Gong donna de la tête contre le mont Buzhou. Or, le mont Buzhou était l’un des piliers qui soutenaient le ciel. Il se brisa, et la corde qui retenait la terre se rompit de même. Le ciel fut plus au nord-ouest : le soleil, la lune et les étoiles se déplacèrent alors dans cette direction. La terre s’enfonça dans sa partie sud-est : les eaux se dirigèrent de ce côté-là. »

    La déesse Nugua (Niu Gua, Nüwa, Nü Kua, ou encore Niu-koua), au corps de serpent ou de dragon mais au visage humain également combattit l'inondation et répara le Ciel (comme le fait parfois Yu le Grand dans d'autres mythes, voir infra).

    Voici ce qu'en dit le Huainan Zi :

    «  Dans les temps très anciens, les piliers qui soutenaient le ciel aux quatre points cardinaux se rompirent et la terre se fissura. Le ciel ne couvrait plus entièrement la terre, et la terre ne portait plus entièrement le ciel. Le feu ne cessait de s’étendre ; les eaux débordaient de partout. Les fauves dévoraient les honnêtes gens, et les oiseaux de proie enlevaient vieillards et enfants. Ainsi Nüwa fit-elle fondre des pierres de cinq couleurs et avec la pâte qu’elle en obtint, elle répara le ciel azuré ; elle trancha les quatre pattes d’une grande tortue de mer pour en faire des piliers supportant le ciel aux quatre points cardinaux, terrassa un dragon noir qui tourmentait les chinois ; de plus, elle mit le feu à des roseaux et avec la cendre elle jugula les crues. La voûte céleste était restaurée et à nouveau supportée par quatre solides piliers, les eaux étaient domptées, la Chine apaisée, les bêtes nuisibles exterminées, et le peuple put enfin vivre en paix.  »

    Dans d'autres mythes, c'est par Yu le Grand que se fit l'endiguement du déluge ainsi que la création des canaux en Chine. Pour se faire il se fit aider d'un dragon comme indiqué dans le Shi Yi Ji :

    «  Yu s’efforçait de creuser des canaux. Il canalisait les cours d’eau et aplanissait les collines. Ce faisant, il avait devant lui un dragon qui ouvrait la marche, et, derrière lui, une tortue noire qui portait sur son dos la terre magique. »
     
     
     

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  • Le nombre de dragons du panthéon chinois est particulièrement important. Ils peuvent être messagers des dieux, guides des humains, gardiens des richesses de la terre, ou maitres des éléments. Néanmoins certains types se détachent de par leur importance :

    • Tian-long (ou t’ien-lung, 天龍, littéralement « la dragon du ciel »), le dragon céleste. C'est le gardien des demeures divines et le protecteur des cieux. Il porte parfois les palais des dieux directement sur dos, les maintenant en l'air. Il symbolise l'élévation vers un état supérieur.
    • Shen-long (ou shen-lung, 神龍, littéralement le « dragon spirituel »). Ce dragon ailé aux écailles d'azur fait tomber la pluie en marchant sur les nuages, et fertilise de ce fait la terre. Cependant le vent et la pluie dont il est responsable peuvent aussi être source de catastrophes, raison pour laquelle on les craignait tout autant qu'on les vénérait. C'était aussi le symbole impérial. Seul l'empereur était autorisé à arborer le dragon à cinq griffes, entre autres sur ses vêtements de cérémonie.
    • Di-long (ou ti-lung, 地龍), le dragon terrestre. Il est le maitre des sources et des cours d’eau qu'il dirige à son gré. Il séjourne durant l'été dans le ciel et passe l'automne dans la mer.
    • Fu-zang long (ou fu-ts’ang-lung, 伏藏龍), le dragon gardien des trésors. C'est le protecteur des fabuleux trésors de pierres et de métaux précieux enfoui au sein de la terre, et interdits aux hommes.

    Il existe d'autres dragons possédant une certaine renommée comme :

    • Huanglong (黃龍), dragon jaune ou cheval-dragon. C'est le messager divin qui émergea de la rivière Luo pour communiquer aux hommes, par l'intermédiaire de Fuxi, les huit trigrammes du système divinatoire connu sous le nom de Yi-king.
    • Panlong (蟠龍). Ces dragons sont connus pour vivre dans les lacs de l'Est.
    • A la fin de sa vie, Huángdì, enfourcha un dragon pour se diriger vers l'Ouest avant d'être arrêté par l'un de ses ministres.
    • C'est grâce à un dragon que Yu le Grand put mettre au point les techniques d'irrigation et drainer les eaux surabondantes. Il monta vers le séjour céleste sur ce même dragon à sa mort.
    • Long wang (龍王) ou Roi Dragon.

     


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  • Morphologie

    Dragon chinois, gravure sur bois en couleur, école chinois, XIXe siècle, bibliothèque des Arts décoratifs, Paris

    Le dragon chinois est caractérisé par un corps serpentin et une féroce gueule barbue. La morphologie de cette créature fut décrite par le penseur Wang Fu, sous la dynastie Han comme une chimère empruntant des traits à pas moins de neufs animaux.
    Il possède une tête de chameau, des yeux de démon, des oreilles de bovidé, les bois d’un cervidé, un cou de serpent. De plus ses pattes de tigre se terminent par des serres d’aigle. Son ventre est celui d'un mollusque et le reste de son corps est couvert de 117 écailles de carpe, dont 81 sont mâles (yáng, 陽 ou 阳) et 36 femelles (yin, 陰 ou 阴).
    On compare sa voix au son que l'on produirait en tambourinant sur des casseroles de cuivre.

    Le dragon chinois peut aisément voler sans ailes, grâce à la crête surplombant son crâne (chi’ih-muh ou Poh-Shan, 破掸).
    Mais sa principale source de pouvoir réside dans une grosse perle qu'il cache sous les replis de son menton ou dans sa gorge. Cette perle est souvent synonyme de bonheur, d'abondance, de sagesse ou de connaissance pour celui qui la possède.

    Contrairement à son cousin occidental, le dragon chinois ne ressemble pas à un dragon dès sa naissance. Il passera par divers stades de métamorphose qui s’étendent sur 3 000 ans.
    L'œuf de dragon n'éclot qu'après 1000 ans, donnant naissance à un serpent aquatique. Il acquiert, après 500 ans, une tête de carpe (kiao, 饺). La parenté entre dragons et carpes ne s'arrête pas là : selon la tradition, il existe dans le pays plusieurs chutes d'eau et cascades nommées Porte du dragon. Les carpes qui parviennent à remonter se changent en dragons.
    Durant la suite de sa métamorphose, le dragon chinois conserve un corps anguiliforme, mais celui-ci se couvre d'écailles et une barbe se développe. Il développe aussi 4 courtes pattes terminée par des serres, ainsi qu'une queue allongée. Le dragon impérial possède cependant 5 doigts à chaque patte. À ce stade, le dragon s'appelle kiao-long (ou kiao-lung, 饺龍), ou simplement long (ou lung, 龍), signifiant « sourd ».
    Il n'arrivera en effet à percevoir les sons que 5 siècles plus tard, lorsque ses cornes se développent, lui permettant d'entendre. Cette forme est la plus commune dans les représentations traditionnelles du dragon. Elle se nomme kioh-long (ou kioh-lung, 腳龍).
    Il atteint finalement l'age adulte après un autre millénaire, obtenant de facto une paire d'ailes ramifiées. Il devient à ce moment le ying-long (ou ying-lung, 应龍)[1],[2],[3],[4],[5],[6].


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  • Matière de Bretagne

    Dans la mythologie bretonne, représentant les dernières traditions celtiques, l'image du dragon est toujours présente, dans son image de force sauvage de la nature.
    Elle est présente jusque dans le nom de la célèbre lignée royale de Bretagne de Pendragon, signifiant littéralement "tête de dragon" en gallois. Bien que l'interprétation de ce nom soit sujette à discussion, l'étendard au dragon serait un héritage du bas Empire romain, celui-ci étant symbole de la cavalerie.
    Le mythe relate plusieurs fois l'apparition de dragons, de manière réelle ou symbolique. On y retrouve par exemple le mythe du conte de Lludd et de Lleuelys, deux dragons découverts sous les fondations du château que voulait construire Vortigern, prédécesseur d'Uther Pendragon, combattant sans cesse et provoquant l'effondrement de la construction. Plus tard, Uther observa dans le ciel une comète en forme de dragon dont certain prétendent qu'elle aurait donné son nom au souverain.

    On remarque le chemin que prend le dragon: celui-ci s'associe peu à peu avec les envahisseurs et prend dès lors cette apparence terrifiante qu'il gardera durant tout le Moyen Âge. Ainsi se succèdent diverses invasions en Europe à diverses époques: Saxons et Vikings aux bateaux ornés de têtes terrifiantes d'abord, Mongols aux étendards décorés de dragon plus tard.

    Le christianisme et les sauroctones

    Saint Georges terrassant le dragon
    Sauroctone tuant une vouivre

    Le christianisme a intégré la peur du dragon, et en a fait le symbole des croyances païennes, opposées au christianisme, l'image de la barbarie, de la Bête maléfique, incarnation de Satan et du paganisme. Le dragon deviendra, avec le thème de l'Apocalypse, une source inépuisable d'inspiration pour les artistes. L'art qui s'en inspire fait du dragon l'image du péché et du paganisme, dont triomphent avec éclat les saints et le(s) martyrs. L'Apocalypse de Jean décrit le combat du Dragon, et de la Bête de la Terre contre l'Agneau divin. Le dragon est enchaîné pour mille ans, puis revient le temps de l'ultime combat, et le dragon vaincu cède sa place au règne définitif de Dieu.

    Bien que les tueurs de dragons apparaissent bien avant le Moyen Âge en Europe, avec l'avènement du christianisme, les tueurs de dragons antiques se virent canonisés et prirent le nom de sauroctones (du grec: sauros, "lézard" et cton:"qui tue"). Dans un même temps ils perdirent leur nom originel au profit de noms plus chrétiens (Saint Michel, Saint Georges, ...) et se virent par la suite canonisés, ou octroyés des exploits historiquement incohérents (le saint Georges historique tuant un dragon plusieurs siècles après sa propre mort).
    Le seul témoignage de ces chevaliers est une iconographie médiévale abondante et largement diffusée et inspirée des légendes païennes. Il faut d'ailleurs noter certaines de ces représentations montrent des variantes de ces créatures tels que des vouivres.


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  • Dans la mythologie slave, les dragons portent le nom de zmej (змей, signifiant également "serpent" et "cerf-volant") en russe et bulgare, zmij (змій) en vieux slave et ukrainien, zmaj en serbe, croate, bosniaque et slovène, et żmij en polonais. La majorité de ces termes sont les formes masculines du mot slave "serpent" qui est habituellement féminin (comme zmeja en russe). Il existe en Roumaine une créature qui porte le nom de zmeu même si de nombreuses descriptions le distinguent du dragon.

    Les dragons sont des créatures quadrupèdes dont le tempérament généralement maléfique fait qu'ils rançonnent habituellement les villages, leur demandant de jeunes vierges en sacrifice ou de l'or. Ce trait est sans doute l'un des plus ressemblants avec celui des dragons que l'on rencontre habituellement dans les contes de fée de la culture moderne. Ils sont l'image du dragon affrontant le chevalier que l'on aperçoit dans les histoires pour enfants en Occident.
    Leur nombre de têtes varie de un à sept (ou parfois plus), trois ou sept étant le plus courant. Celles-ci repoussent lorsqu'elles sont coupées à moins que la plaie ne soit cautérisée par le feu (comme l'hydre la mythologie grecque).
    Il est intéressant de remarquer que dans la mythologie bulgare, les dragons sont parfois bienveillants.

    Mythologie slave orientale

    Bogatyr affrontant un dragon slave polycéphale

    En Russie et Ukraine, le dragon portait nom et prénom : Zmej Gorynytch, littéralement Serpent, fils de la montagne. Il possédait trois têtes (parfois jusqu'à 12), crachait du feu, marchait sur deux pattes arrières et possédait des pattes antérieures atrophiées. Selon les bylines, il fut tué par le bogatyr Dobrynia Nikititch. De manière générale les dragons russes possèdent un nombre de têtes multiple de trois.

    D'autres dragons russes (comme Tougarine Zmeïévitch) possèdent des noms turcs, symbolisant probablement les Mongols et autres peuples de la plaine. Ceci explique dès lors la présence de Saint Georges tuant le dragon sur le blason de Moscou.

    Mythologie slave méridionale

    En Slovénie les dragons sont nommés zmaj, cependant un mot archaïque, pozoj, est parfois également utilisé. Leur apparition dans la religion se fait en même temps que celle de Saint Georges, bien que certains récits folkloriques pré-chrétiens racontent l'histoire de dragon tués de la même manière que le dragon polonais de Wawel.
    Cependant le dragon n'est pas toujours considéré comme un nuisible, exemple étant fait avec celui protégeant Ljubljana, représenté sur le blason de la ville.

    En Macédoine, Croatie, Bulgarie, Bosnie, Serbie et Monténégro on utilise le terme zmaj, zmej ou lamja pour désigner les dragons. En Serbie et Bosnie on désigne aussi parfois ces créatures respectivement daždaja et daždaha (voir Āži-Dahāk, créature de la mythologie perse).
    On rapproche parfois également des dragons l'Ala serbe ou la hala bulgare par les traits reptiliens que possède cette chimère.

    Les dragons de la mythologie bulgare peuvent être mâles ou femelles, chacun ayant un comportement différent face aux humains. Ils sont souvent vu comme des frères et sœurs, représentant les différentes forces de l'agriculture. La femelle représente le mauvais temps qui détruit les récoltes, combattant son frère protégeant l'humanité.

    Dans le folklore polonais, d'autres créatures proches des dragons existent comme le basilic vivant des les cellules de Varsovie ou le Roi Serpent des légendes.
    Le dragon polonais le plus célèbre est sans doute celui de Wavel, le smok wawelski. Il terrorisait les habitants de l'ancienne Cracovie et vivant dans des cavernes le long de la rivière Vistule, sous le château de Wavel. Selon la tradition, fondée sur le livre de Daniel, il fut tué par un garçon qui lui offrit une peau de mouton remplie de soufre et de goudron. Assoiffé par ce repas, il finit par exploser après avoir trop d'eau.
    Une sculpture en métal, crachant des flammes toutes les 5 minutes trône maintenant à Cracovie, où de nombreux souvenirs touristiques sont estampillés du dragon de Wavel.


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