• Les épouses

    La polygamie de Zeus n'apparaît pas une tradition venue des Grecs dont elle ne faisait pas partie des mœurs. Les alliances de Zeus furent d’abord nécessaires pour étoffer le panthéon et assurer la diversité des fonctions et des attributions divines. Les unions libres avec des créatures terrestres eurent de leur côté le mérite de combler le fossé trop abrupt entre les dieux, les nymphes et les mortels. Sont ainsi créés des demi-dieux ou héros qui seront autant de personnages aux vertus symboliques tantôt édifiants, tantôt caricaturaux. Ne sont recensées ci-après que les épouses réputées d’essence divine.

    • Les trois filles et les deux des garçons, Zeus et Poséidon de Cronos forment la lignée directe des « grands Olympiens ». En seconde génération, seuls quatre enfants « légitimes » de Zeus sont majoritairement admis : les fils d'Héra, Héphaïstos et Arès, et les jumeaux de Léto : Apollon et Artémis. Les trois derniers, Aphrodite, Dionysos et Athéna, ont en commun des naissances difficiles à établir, étant donné les divergences chez les auteurs. Ils ont été incorporés à la théogonie grecque mais leur origine lointaine est sans nul doute tirée de traditions étrangères au monde hellénique. Seule la portée incontournable de leur symbolisme les a fait se rattacher aux grands Olympiens. Athéna poliade est d’abord la divinité antique protectrice de la cité éponyme. Dionysos, dieu thrace ou phrygien, avait légué un culte orgiastique très populaire quoique peu apprécié des aristocraties grecques. Aphrodite est une ancienne divinité érotique originaire du Proche-Orient dont la célébration fut transmise par les populations de Chypre et de Cythère.
    • Métis, une Océanide : sa maternité fut assombrie par la prédiction de Gaïa qui avertit Zeus qu’une fille qui naîtrait aurait autant de sagesse que son père et qu’un fils qui suivrait le détrônerait. Zeus avale son épouse enceinte, mais, selon une version plausible, sous la forme d’une mouche où se cachait Métis, prompte au déguisement. Sa fille Athéna, une fois formée dans son ventre, ressortit adulte et toute armée de sa tête, ouverte par la hache d’Héphaïstos.
    • Thémis, une Titanide : elle enfanta de Zeus les trois Heures, et les Moires (ou Parques, chez les Latins). Selon une autre version, Thémis serait l’épouse régulière du Titan Japet avec qui elle aurait eu Prométhée. Elle serait donc bigame dans ce cas, mais une version usuelle indique que l’épouse et mère véritable est l’Océanide Clymène. Thémis avait un don de voyance qui servit plus tard à Zeus à éviter d’engendrer le fils qui l’aurait supplanté ; et à Atlas qui sut qu’un fils de Zeus, Héraclès, viendrait voler les pommes d’or des Hespérides. Elle présida un temps l’Oracle de Delphes.
    La naissance des trois Moires reste une interrogation : Hésiode les donne comme les filles du couple royal elles aidèrent Zeus dans son combat contre les Titans — mais sont aussi désignées comme les filles de Nyx, créature divine née du Chaos qui les engendra sans principe mâle. Cette naissance spécifique résout l’ambiguïté de Zeus, dieu des destinées mais obéissant à la volonté du destin dont il ne doit, pas plus qu’aucun autre dieu, changer le terme. Les deux illustres chantres, Homère et Virgile, le peignent toujours comme le simple exécuteur du destin, une balance d’or dans ses mains, accréditant ainsi une force indépendante à laquelle se soumettent les dieux de l’Olympe.
    • Eurynomé, une Océanide : de qui Zeus engendra, les trois Charites (ou Grâces), pour les plus connues. Ces filles n’eurent aucun rôle majeur. Leur parenté, leur nombre et leurs noms diffèrent parfois.
    • Déméter, une Olympienne, sœur de Zeus : déesse d’une grande importance mais dont les relations avec cet époux épisodique sont limitées. On la connaît surtout par ses démêlées pour secourir leur fille Perséphone, victime de toutes sortes d’aventures fâcheuses, fille qu’on fait naître par ailleurs de Styx, une déesse infernale. Déméter, divinité de la « terre fertile », trouva facilement son équivalent dans les traditions étrangères : Cérès chez les Romains et Cybèle chez les Phrygiens, pour les plus connues.
    • Léto, une Titanide : elle donne des jumeaux à Zeus : un garçon, Apollon et une fille Artémis. Leur naissance donna cours à des versions fort différentes. Mais c’est sans doute la plus belle progéniture du maître des dieux. Mais des enfants terribles et qui avaient, entre autres, la particularité d’annoncer la mort aux humains, chacun aux personnes de son sexe : « les douces flèches de la Mort » chantait Homère.
    • Dioné, une déesse « primitive » : amante de Zeus, son rôle semble lié aux oracles. Homère en fait une Océanide, mère d’Amphitrite et d’Aphrodite. La paternité de Zeus concernant Aphrodite est reconnue par l’aède mais déniée par Hésiode qui la fait naître de la semence d’Ouranos répandue sur la mer (elle est alors connue comme la déesse « anadyomène », née de l’écume).
    Mais plus sûrement, le nom de Dioné étant une forme féminine de Zeus, quelques auteurs penchent pour une « déesse–mère » de tradition évidemment méditerranéenne, un pendant du dieu patriarcal; ou alors pour un avatar de la femme de Zeus, à laquelle Héra aurait été peu à peu assimilée.
    • Maïa, une Pléiade : elle est mentionnée puisque d’essence divine mais elle aurait été plutôt un amour passager de Zeus déjà marié à Héra. Cette dernière, toujours prompte à sanctionner durement les incartades de son époux, n’en eut cependant aucun ombrage et fut même bienveillante à son égard. De l’union naquit Hermès, fidèle factotum de son père et grand amoureux comme lui .
    • Thétis, une Néréide, sœur d’Eurynomé : la tentation tourna court puisque Zeus tomba sous le coup d’une des prédictions de Gaïa, qui restera une véritable malédiction familiale: le fils qui naîtrait de cette liaison supplanterait son père. Elle fut mariée par précaution au mortel Pélée.
    • Héra, elle-même sœur de Zeus : elle est donnée comme l’épouse définitive et « officielle » du dieu. Mais il apparaît souvent au détour des récits que les deux époux se fréquentaient de longue date. Ils eurent Arès, Hébé et Ilithye et la tradition n’oublie pas leur fils Héphaïstos qu’Hésiode veut faire naître d’Héra sans principe mâle (capacité normalement réservée aux dieux primitifs, tels Gaïa ou Tartare).
    Héra, intransigeante sur les liens du mariage, est le modèle de l’épouse fidèle et protectrice de la femme. Son irascibilité, sa jalousie et sa rancune seront des sujets perpétuels d’ennui pour le maître des dieux qui s’enflamme à la vue de toute nymphe quelque peu désirable ou toute autre belle créature céleste ou terrestre dont la déesse devient invariablement la persécutrice. Les deux sommités olympiennes formeront l’image du couple exemplaire sinon dans la fidélité, du moins dans la stabilité. Leur liaison amoureuse a été largement exaltée par les auteurs grecs depuis leurs fiançailles jusqu’à leur lune de miel.
    Héra qui a eu un culte distinct de Zeus est montrée dans la mythologie d’un caractère très contrasté. Tantôt victime de la colère vengeresse de son époux: Zeus la pend aux nues par les pieds avec une enclume attachée à chaque poignet pour la châtier de ses vexations à l‘égard de son fils Héraclès, elle peut aussi lui opposer une forte résistance et jusqu’à la traîtrise, puisque, selon un récit, elle n’aurait pas hésité, sans l’intervention de Thétis, à neutraliser son pouvoir. À tel point que l’Iliade lui a attribué l’enfantement de Typhon, considéré généralement comme une créature du Tartare. Si certaines contrées honorèrent son culte : l’Élide, Argos ou Samos, sous un tempérament belliqueux, elle personnifie, plus habituellement, de sa beauté digne et sévère attestée par la statuaire, les principes moraux de la famille: union légitime, fidélité conjugale (du moins en ce qui la concerne), maternité, enfantement et éducation des enfants.

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